Arabie Saoudite et l’Iran : des relations sous haute tension qui profitent à Daesh

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Commission des Affaires Etrangères traitant des relations Iran-Arabie Saoudite avec Mme Fatiha DAZI-HENI, chercheur à l’IRSEM et M. Matthieu REY, maître de conférences au Collège de France.

Des faits

Un bref rappel des faits s’impose tant les situations géostratégiques sont complexes, polymorphes et mouvantes dans cette partie du monde.

Tout d’abord, le 2 janvier dernier marque la fin de la trêve avec les rebelles chiites Houthis au Yémen et ce même 2 janvier, l’Arabie Saoudite exécute un dignitaire chiite, provoquant ainsi une escalade verbale en Iran, Téhéran déclarant que Ryad devait « un prix élevé ».

De son côté, Riyad rompt ses relations avec Téhéran après des attaques contre ses missions diplomatiques dans le pays.

Le 8 janvier, Téhéran joue la carte de l’apaisement et le ministre des affaires étrangères iranien a adressé, un message au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, dans lequel il affirme que son pays n’a « aucun désir ni intérêt de voir une escalade de la tension dans son voisinage ».

Toutefois, les observateurs nous disent que dans la rue iranienne, la tension reste vive.

Daesh a donc beau jeu et exploite ces tensions ravivées entre les deux principales puissances régionales et profite de la guerre civile en Syrie et au Yémen pour y développer sa présence.

Des solutions

Faire reculer l’influence politique de l’Etat Islamique auprès des sunnites de la région passe à l’évidence par une diminution des tensions entre ces deux pays.

De plus, une sortie de crise politique en Syrie ( l’Arabie Saoudite y soutient les groupes salafistes opposés à Bachar El Assad ), passe par une entente qui fera espérer un avenir plus radieux à la population sunnite de Syrie qui soutient Daesh.

Il est à remarquer que les échanges économiques liés à la levée de l’embargo sur l’Iran peuvent à terme renforcer le développement de sa classe moyenne et de sa société civile et donc permettre de diminuer ces tensions.

Le rôle de la France

La France dans l’hypothèse d’une chute de l’Etat Islamique doit jouer un rôle important et mobiliser ses forces diplomatiques pour apaiser les tensions entre communautés chiites et sunnites au Moyen-Orient .

Sa réaction, juge-t-on à Téhéran, n’a pas été assez ferme après les exécutions de Ryad et les experts, au nombre desquels Madame Fatiha DAZI-HENI, responsable de programme à l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (IRSEM), considèrent que notre diplomatie se montrerait plus forte et mieux inspirée si « elle n’était pas uniquement économique ».

Le soutien stratégique du gouvernement français au gouvernement saoudien afin de signer des grands contrats civils et militaires ne me paraît à la hauteur des enjeux géostratégiques de la région. A faire perpétuellement le dos rond, nous perdrons inexorablement de notre influence…

Marie-Louise FORT

semaine du 18 janvier 2016

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