La situation financière de la Grèce en quelques points

drpgec

Bilan de la dette et détenteurs publics

 La dette de la Grèce représente au total environ 320 milliards d’euros. Elle est détenue au ¾ par le secteur public, c’est-à-dire par :

  • le Fonds Européen de Stabilité Financière pour 40% de la dette totale (131 mds)
  • les Etats européens dans le cadre de prêts directs à hauteur (53 mds)
  • la BCE dans le cadre de ce que l’on appelle l’Eurosystème (23 mds)
  • le FMI, 24 mds

Le Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) a été mis en place par les pays de la zone Euro qui en sont les garants. Les autres créanciers sont ceux qui n’ont pas voulu accepter la restructuration de la dette grecque. Cette restructuration a supprimé jusqu’à 70% de leurs avoirs en pariant sur le fait que leur créance serait un jour honorée. D’autres prêteurs se sont réengagés depuis en observant les améliorations du fait des efforts accomplis par les précédents gouvernements grecs.

L’exposition de la France

 Dans le cadre des prêts bilatéraux consentis par les états de la zone Euro, la France a prêté 11,4 mds d’€ directement à la Grèce. Par ailleurs, elle garantit les 131 mds prêtés par le Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) à hauteur de 28,6 mds d’€. Son exposition est d’environ 40 milliards d’€ : directement à hauteur de 11,4 mds mais aussi indirectement via le FESF qui engage également la garantie des autres états de la zone Euro.

Les efforts de la Grèce et les efforts de la zone Euro

 Budgétairement, la Grèce est aujourd’hui avec le Portugal le pays qui a accomplit le plus d’efforts depuis 2010 ce qui explique son solde budgétaire qui est le meilleur d’Europe, avec le Portugal. Cet effort était la contrepartie de la restructuration de la dette grecque qui a conduit à l’effacement de 107 mds d’€ et à la reprise par le secteur public européen (FESF, Etats et Eurosystème de la BCE) et international (FMI).

 Les remboursements

 La Grèce doit procéder en 2015 à des remboursements rapides pour deux prêteurs : le premier pour des raisons de principe – le FMI – et le second pour des raisons techniques – l’Eurosystème de la BCE.

 Au total, la Grèce doit rembourser entre 12 et 16 mds d’€ et ce uniquement pour l’année 2015. La variation dépend des modalités offertes par les prêteurs pour accorder des reports qui seront, de toutes les façons, à très court terme. Les prévisions de recettes budgétaires pour la Grèce représentent, en 2015, 55,4 mds d’€ ; au minimum 22% des recettes doivent partir en remboursement. C’est élevé mais pas insurmontable : la France rembourse chaque année en intérêt l’équivalent de 12% de ses recettes budgétaires brutes.

 Le problème

Il y a deux problèmes : un problème de dette et un problème de liquidité.

  • Problème de dette :

La Grèce comptait sur sa rigueur budgétaire – devenue l’une des deux meilleures de la zone euro avec le Portugal – pour réemprunter sur les marchés afin de faire face à ses échéances. Mais les inquiétudes générées par son instabilité politique et sociale rendent son refinancement impossible. Aujourd’hui, les conditions de prêts à la Grèce sont de 57% pour un bon du trésor remboursé au terme de deux ans. A titre de comparaison, le Portugal emprunte aujourd’hui à deux ans au taux de 0,8%. La Grèce est donc dans l’impossibilité d’emprunter sur les marchés pour financer ses échéances.

  • Problème de liquidité :

Les déposants les plus forts – entreprises et fortunes privées – déplacent leurs capitaux hors de Grèce et hors du périmètre des banques grecques qui sont littéralement vidées de leurs liquidités depuis trois mois. Pour pallier à ce manque de liquidités, l’Eurosystème de la BCE prête aux banques grecques –116 mds d’€ à ce jour- dans le cadre du programme dit ELA pour assistance de liquidité d’urgence. Mais la situation s’aggrave à tel point que les banques grecques ont été contrainte de rationner les liquidités et de fermer leurs bureaux pour limiter les fuites des dépôts.

En conclusion :

 La Grèce a accompli des efforts réels du fait des gouvernements précédents mais qui demeurent insuffisants. Les solutions existent sur le plan financier et sont relativement simples à mettre en oeuvre pour rétablir la confiance des marchés au moins à court terme. Les montants en jeu nécessitant un remboursement à court terme – surtout le FMI – ne sont pas insurmontables à rembourser, tant à l’égard du volume de la dette grecque qu’à celui de la dette des pays de la zone Euro. Globalement, un lissage des créances associé à un report de quelques échéances suffiraient à redonner l’air nécessaire pour renouer avec la confiance.

Le problème est désormais politique. L’attitude d’Alexis Tsipras vis-à-vis des autres pays de la zone a transformé des questions essentiellement techniques en un enjeu politique majeur. Le front anti-Tsipras, plus qu’anti-grecs, prend tous les jours de la vigueur notamment dans les pays nordiques de l’Eurozone et crée une incertitude totale sur l’issue de la crise grecque.

FacebookTwitterGoogle+Email